Récidive alcool au volant : Sanctions et recours possibles

Récidive alcool au volant : Sanctions et recours possibles

La récidive de conduite en état alcoolique est l’une des infractions les plus sévèrement punies par le Code de la route. Cet article détaille le cadre légal, les peines encourues, ainsi que les stratégies de défense et les recours envisageables.

Chaque année, plus de 100 000 infractions liées à l’alcool au volant sont constatées en France, selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). Parmi elles, la récidive constitue une circonstance aggravante majeure, entraînant de lourdes sanctions judiciaires. Lorsqu’un conducteur commet ce délit pour la seconde fois, la loi le considère en état de récidive légale, et durcit considérablement l’échelle des peines.

Loin d’être une simple infraction, la récidive d’alcool au volant constitue un délit aux conséquences potentiellement dévastatrices, tant sur le plan personnel que professionnel. Comprendre le cadre juridique, anticiper les sanctions et connaître les leviers de défense devient alors primordial pour protéger vos droits et votre permis de conduire.

Le cadre légal de la récidive : Des sanctions drastiques

La récidive légale d’alcoolémie est encadrée par des critères précis et conduit à une réponse judiciaire particulièrement ferme.

Définition de la récidive légale

En droit routier, la récidive d’alcool au volant est constituée lorsqu’un conducteur commet un nouveau délit identique ou assimilé dans un délai de cinq ans suivant une première condamnation définitive. Une condamnation est dite « définitive » lorsque toutes les voies de recours (appel, cassation) sont épuisées ou que les délais pour les exercer sont expirés. Il est donc crucial de déterminer si les faits reprochés relèvent bien de ce cadre juridique précis pour évaluer les risques encourus. 

Toutefois, dans certains cas, le point de départ du délai de 5 ans est retardé, prolongeant d’autant la durée durant laquelle la récidive pourra être retenue.

Les sanctions pénales et administratives maximales

Face à une récidive d’alcoolémie, le législateur a prévu un doublement des peines maximales encourues. Ces sanctions visent à dissuader le contrevenant et à protéger les autres usagers de la route.

Récidive d’alcool au volant (≥ 0,80 g/L sang ou ≥ 0,40 mg/L air) : depuis la loi n° 2025-622 du 9 juillet 2025, les peines encourues sont les suivantes :

  • Peine de prison : jusqu’à 6 ans d’emprisonnement en cas de récidive légale (le maximum étant doublé par rapport au premier délit).
  • Amende : jusqu’à 18 000 € d’amende.
  • Annulation du permis de conduire : cette mesure est automatique. Le juge peut également prononcer une interdiction de conduire tout véhicule non équipé d’un ethylomètre anti démarrage (EAD).
  • Autres peines complémentaires : confiscation obligatoire du véhicule si le conducteur en est propriétaire, obligation d’accomplir un stage de sensibilisation à la sécurité routière à ses frais, travail d’intérêt général ou interdiction de conduire certains véhicules.

Annulation du permis et EAD

La récidive entraîne de plein droit l’annulation du permis et une interdiction de conduire un véhicule non équipé d’un EAD pouvant aller jusqu’à 3 ans, à compter de l’obtention du nouveau permis .

Conséquences sur le permis à points

La condamnation pour une récidive d’alcool au volant consiste en une perte de 6 points sur le permis de conduire. Cependant, comme la sanction principale est l’annulation judiciaire du permis, celui-ci est invalidé dans sa totalité. Le conducteur devra donc, à l’issue de sa période d’interdiction, repasser soit l’intégralité des épreuves (code et conduite), soit uniquement l’épreuve théorique en fonction de sa situation, pour obtenir un nouveau permis qui sera soumis à la période probatoire de trois ans.

Conséquences pratiques et professionnelles de l’annulation

Au-delà des sanctions judiciaires, l’annulation du permis de conduire bouleverse profondément le quotidien.

Le quotidien sans permis

La perte du droit de conduire a des répercussions immédiates et souvent lourdes. Pour de nombreux professionnels, tels que les commerciaux, les artisans ou les infirmiers libéraux, le véhicule constitue un outil de travail indispensable. L’annulation du permis peut ainsi entraîner une perte d’emploi ou une cessation d’activité.

Par ailleurs, sur le plan personnel, elle complique les déplacements quotidiens, la gestion des obligations familiales et limite l’autonomie. À l’issue de la période d’annulation, le conducteur doit se soumettre à une visite médicale et à des tests psychotechniques avant de pouvoir s’inscrire pour repasser les examens du permis. 

L’épreuve de l’Éthylotest Anti-Démarrage (EAD)

Le tribunal peut imposer au conducteur, après l’obtention de son nouveau permis, l’obligation de conduire uniquement un véhicule équipé d’un éthylotest anti-démarrage (EAD). Cet appareil, relié au système de démarrage du véhicule, impose au conducteur de souffler dans un éthylotest avant chaque départ. Par conséquent, si le taux d’alcoolémie est supérieur à la limite autorisée, le véhicule ne démarre pas. Cette contrainte, souvent perçue comme une épreuve, vise à prévenir une nouvelle récidive d’alcool au volant.

À retenir : La récidive d’alcool au volant est caractérisée par un nouveau délit dans les 5 ans suivant une condamnation définitive (parfois ce délai peut même être doublé en raison du retardement du point de départ du délai de 5 ans). Elle entraîne l’annulation automatique du permis, le doublement des peines maximales (jusqu’à 4 ans de prison et 9 000 € d’amende) ainsi que des conséquences pratiques significatives.

Les recours possibles et la stratégie de défense

Même dans une situation de récidive, une défense technique et rigoureuse peut parfois permettre de contester la procédure ou d’aménager la peine.

Les vices de procédure : La clé de la défense

Le droit pénal et routier est encadré par des règles de procédure très strictes que les forces de l’ordre doivent scrupuleusement respecter. Ainsi, le non-respect de ces règles peut entraîner la nullité de toute la procédure. Seul un avocat expert en droit routier est capable d’analyser le dossier pénal pour y déceler ces failles potentielles.

Parmi les exemples de vices de forme, on retrouve :

  • Problèmes de calibrage ou de vérification de l’éthylomètre : L’appareil de mesure doit faire l’objet de vérifications annuelles. L’absence de ce contrôle peut donc invalider la mesure du taux d’alcoolémie.
  •  Irrégularités dans la notification des droits : Lors de l’interpellation et de la garde à vue, l’officier de police judiciaire doit notifier au conducteur l’ensemble de ses droits, notamment celui de garder le silence ou d’être assisté par un avocat.
  • Défaut d’information concernant l’analyse sanguine : En cas de prise de sang, le conducteur doit être informé de son droit de demander une contre-expertise.

La négociation de la peine et l’audience

Lorsque le dossier ne présente pas de vices de procédure, la défense se concentre sur la personnalisation et l’aménagement de la peine.

  •  La Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité (CRPC) : Cette procédure de « plaider-coupable » peut être proposée par le procureur. Dans ce cadre, l’assistance d’un avocat est obligatoire pour négocier la peine la plus juste et s’assurer que les droits du prévenu sont respectés.
  • Plaidoirie sur le fond et la personnalité : Devant le tribunal correctionnel pour alcoolémie, l’avocat peut plaider pour obtenir une peine plus clémente en s’appuyant sur des éléments concrets. L’objectif peut être de réduire la durée de l’obligation de conduire avec un EAD, d’obtenir un aménagement de la peine d’emprisonnement (sursis, bracelet électronique) ou de mettre en avant les garanties de réinsertion et l’impact disproportionné de la sanction sur la vie professionnelle du conducteur.

Contestation des mesures administratives (suspension préfectorale)

Avant même le jugement, le préfet peut prononcer une suspension administrative du permis de conduire. Cette décision peut faire l’objet d’un recours, notamment par le biais d’un référé-suspension devant le juge administratif, si son urgence et sa légalité sont contestables. Une telle démarche permet au conducteur de récupérer temporairement son droit de conduire en attendant l’audience au tribunal.

La récidive alcool au volant constitue une situation juridique complexe aux enjeux considérables. Les sanctions sont sévères et l’annulation du permis est automatique. Cependant, l’issue d’une procédure n’est jamais gravée dans le marbre. Une analyse approfondie du dossier par un professionnel peut révéler des vices de procédure capables d’invalider les poursuites. À défaut, une défense stratégique permet de solliciter des peines aménagées et adaptées à votre situation personnelle.Face à la complexité des démarches et à la gravité des sanctions, l’assistance d’un avocat spécialisé est indispensable pour construire une défense technique et efficace. Le cabinet Juris Auto vous accompagne dans l’analyse de votre dossier, l’identification des recours possibles et la défense de vos intérêts devant les juridictions compétentes.

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Maitre Maïta Polycarpe

Avocate en droit routier et automobile inscrite au barreau de Chambéry, j'interviens sur les tribunaux d'Auvergne-Rhône-Alpes pour défendre vos droits avec rigueur et détermination.

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